Le vrai bénéfice de l’accessibilité

Je me suis pris l’accessibilité du web en pleine face un beau matin de février 2005. La date n’est pas neutre : venait de sortir la fameuse loi sur l’égalité des chances pour les personnes handicapées et tout et tout. Et dans cette interview que je lisais sur le Web, quelqu’un de chez Braillenet (je crois que c’était Pierre Guillou) expliquait la portée de cette loi, plus précisément son article 47 sur l’accessibilité des contenus numériques.

Une révélation pour moi : se rejoignaient mon aspiration profonde à faire le bien et une certaine idée du travail bien fait, dans un cadre légal favorable. Je fus d’emblée convaincu que l’accessibilité numérique, y a pas à tortiller, il faut le faire, point. Pas le temps de finir d’y penser, qu’aussitôt je compris que pour convaincre les autres, ce serait pas forcément de la tarte.

Mais décidément cette interview me donnait toutes les clés : on y expliquait pourquoi faire accessible, c’était plein de bénéfices collatéraux en cascade : référencement, qualité de code, maintenabilité, image de marque, et maintenant, respect de la loi. C’était le premier (pour moi) d’une très, très longue série d’articles, présentations, discours, où l’on parlait des bénéfices de l’accessibilité pour promouvoir l’accessibilité. Biberonné à cette façon d’aborder et de « vendre » le sujet, j’y ai adhéré sans réserve, jusqu’à proposer très modestement mon bénéfice de l’accessibilité à moi.

Puis vint un autre déclic, bien plus tard. Il m’est venu cette fois de Jean-Pierre Villain, alias JPV, alias Le Parrain de l’Accessibilité (rapport à ses faux airs d’Al Pacino. Surtout le film où il est insomniaque). A l’occasion d’un déjeuner, où nous discutions de l’éventuelle possibilité potentiellement envisageable de travailler ensemble, la conversation a tourné sur les raisons pour lesquelles l’accessibilité ne prend pas autant qu’elle devrait dans le Web. Il me sort alors, tranquillement désabusé : « la vérité, c’est que les handicapés, tout le monde s’en fout ».

Il ne le sait pas, mais c’est une des choses qui m’ont décidé à signer pour bosser avec lui.

Car d’un coup, j’ai compris ce qui fait qu’il répète à l’envi que l’accessibilité n’est pas un sujet comme les autres, et que donc on ne peut pas le traiter comme les autres. Le référencement, la qualité, la maintenabilité, c’est bien beau, mais ce ne sont que des enjeux mineurs comparativement à ce qui est au cœur et à la source de l’accessibilité.

Car le vrai bénéfice de l’accessibilité du web, et le seul qui vaille en définitive, c’est que certaines personnes, celles qui depuis toujours sont considérées comme des citoyens de seconde zone, vont enfin pouvoir faire un truc banal à pleurer : consulter et utiliser un site web, comme n’importe qui.

Ça peut ressembler à une lapalissade, dit comme ça, mais prenez une présentation ou un article lambda qui vise à la vulgarisation de l’accessibilité. Évaluez la part donnée au message « l’accessibilité, c’est pour les personnes handicapées », par rapport aux multiples « l’accessibilité, ça sert aussi à… ». Posez à des personne informées la question : « quels sont les bénéfices de l’accessibilité ? », et comptez le nombre de celles qui en oublient l’enjeu initial. Étudiez les approches méthodologiques de l’accessibilité, et comptez celle où l’utilisateur n’est qu’une variable parmi d’autres, à égalité avec les moteurs de recherche, la capabilité du CMS, et la paresse des développeurs.

A ce fameux déjeuner avec JPV, j’ai compris une chose importante : si en accessibilité on oublie pour qui on se donne tout ce mal, on passe à côté du sujet. Et qu’en travaillant avec lui, je pourrais garder la tête haute et le regard dans la bonne direction.

J’ai déjà entendu ici ou là, « oui, bon, faut pas s’énerver, hein, c’est que du Web ». Ou autre réflexion du genre, y a pas mort d’homme. Ben justement, méfions-nous. Dans son livre Le cri de la mouette, Emmanuelle Laborit raconte comment, dans les années 90, les associations constataient avec effarement le manque d’information des jeunes sourds à propos du sida. Les campagnes de prévention inondaient les médias, des moyens colossaux étaient engagés pour limiter la catastrophe. Mais personne n’avait pensé à s’adresser à ceux qui ne s’expriment qu’en signes ; ou qui pensaient que si on ne s’adresse qu’aux entendants, c’est que ça ne doit concerner que les entendants. Cette population s’est retrouvée surexposée à la maladie, confinée dans l’insouciance par une erreur basique de communication – ou plutôt, par l’ignorance et la négligence, vis-à-vis d’un mode de communication qui n’est pas celui de tout le monde. Par l’inaccessibilité, en somme.

Je n’ose pas imaginer le nombre de personnes qui ont été contaminées, alors que si les campagnes de prévention leur avaient été accessibles, elles auraient su se méfier et se protéger. Dans le cas présent, le manque d’accessibilité a, effectivement, tué.

Après ça, qu’on ne vienne pas me dire que l’accessibilité, ce serait sympa de la prendre en compte, mais seulement si on le temps…

38 réflexions au sujet de « Le vrai bénéfice de l’accessibilité »

  1. Mais, non, Jean-Pierre n’est pas le parrain, mais le docteur House de l’accessibilité. 😉

    À part ça, bel (et triste) exemple pour la conclusion de ton billet. Mais, reste à voir si un tel exemple incitera davantage à méditer sur le bénéfices de l’accessibilité.

  2. Effectivement le fait de parler référencement, maintenabilité, etc. est un gros biais des enjeux premiers de l’accessibilité web.
    Pourquoi parle t’on de tout ça ? Parce que effectivement, les idées reçues concernant le handicap sont encore (trop) fortement encrées. Les personnes « valides » sont toujours enclin à penser que le handicap est un état qu’ils ne connaitront jamais, que ça concerne des gens « différents » ; à leur décharge, quelle est la part de ces personnes ayant côtoyé des handicapés dans leurs études, leur travail au quotidien, etc. ? La frontière entre le monde des « valides » et des handicapés est encore malheureusement bien étanche…
    Malheureusement, il y aura toujours des personnes pas super ouvertes d’esprit qui continueront à penser tout ça et à mettre ce sujet sous le tapis.
    À nous de ne surtout pas baisser les bras et continuer à sensibiliser, parler, militer, convaincre…..encore…..toujours.

    1. « À nous de ne surtout pas baisser les bras et continuer à sensibiliser, parler, militer, convaincre…..encore…..toujours »
      Oui l’évangélisation est au coeur de nos démarches à la condition de ne pas faire que ça et de ne pas oublier le devoir d’exigence que nous avons vis à vis de l’utilisateur.
      Ce qui rends notre travail plus complexe ce n’est pas que c’est difficile, long, couteux ou emmerdant, c’est simplement qu’à partir du moment où on le normalise maladroitement en empruntant trop à des domaines voisins on prends le risque d’en venir à négocier le droit fondamental de la personne.
      Et c’est bien parce qu’au détour de ces discussions exploratoires j’ai compris que nous étions sur cette même longueur d’onde que je n’aurais laissé personne tenter d’embaucher Olivier.
      Quitte à rappeler de vieux collègues siciliens… 🙂
      Et outre ses qualités professionnelles qui me ruinent la santé Olivier à une qualité que je n’ai pas : il explique bien les choses et ça, ça n’a pas de prix.

    2. « quelle est la part de ces personnes ayant côtoyé des handicapés dans leurs études, leur travail au quotidien, etc. ? La frontière entre le monde des « valides » et des handicapés est encore malheureusement bien étanche… »
      En fait c’est plus pernicieux que cela. Une famille française sur trois est confrontée au handicap d’un de ses membres. C’est colossal. Suffisant en tous cas pour constituer un groupe de pression. Mais déjà, toutes n’en sont pas conscientes. Le petit dernier ne suit pas à l’école, papy perd son dentier chaque matin, madame ne peut rien faire sans ses lunettes… Toutes ces situations sont techniquement des situations de handicap. Mais on ose rarement leur donner ce nom, car le handicap, chez nous, c’est sale, c’est malsain, c’est des gens qui « souffrent de déficiences ». Et pire que tout: ce sont des gens qui dépendent des autres pour certaines choses. Qui ont des besoins qui leur sont propres. Dans une société où la norme est une quasi-religion, où il vaut mieux ressembler à tout le monde qu’être quelqu’un, c’est inconvenant.
      Puis vient la seconde famille de problèmes: le renoncement a priori. Finalement très peu de gens savent tout ce que peuvent faire les personnes handicapées, avec la bonne technologie. Même les personnes concernées l’ignorent, très souvent: grand nombre d’aveugles ne savent pas qu’ils peuvent utiliser un ordinateur. Et ceux qui savent pensent parfois que ce n’est pas pour eux, que c’est de toute façon trop compliqué. Pas étonnant: depuis toujours on leur dit qu’ils souffrent, qu’ils sont dépendants, pas bons à grand chose. Alors touchez vos indemnités, restez chez vous, et cachez ce handicap que je ne saurais voir.
      Et c’est là que le système en rajoute une couche: on finance très bien la dépendance, mais très mal l’autonomie. J’en veux pour preuve que rendre accessibles le site de recrutement ou les intranets d’une entreprise n’est pas pris en charge par les dispositifs d’aide au travail des PH. Et ce n’est pas un manque de fonds qui est en cause; juste une définition rigide et archaïque de ce qui est subventionnable, ou pas… Essayez aussi d’apprendre la langue des signes, si vous n’avez pas à charge une personne sourde; essayez de vous fare payer un iPhone ou un iPad avec les logiciels qui conviennent à votre handicap; essayez de former vos webmestres à l’accessibilité la plus élémentaire. Vous en serez de votre poche, systématiquement.

  3. Woaw ! J’ai beau être blindé, enfin je croyai, tu m’as mis un coup de poing dans l’estomac ! Merci mille fois Olivier !

  4. On parle de référencement, de qualité de code, de maintenabilité, d’image de marque[…] parce que c’est une alternative à la véritable raison d’implanter l’accessibilité dans un projet. Comme le dit JPV allias « Le parrain de l’accessibilité » (si si, regardez : http://nsa29.casimages.com/img/2012/06/25//120625104241777262.jpg), les handicapés, les gens s’en fichent. A notre air (encore ?), « handicapé » est synonyme de différence, et la différence, on l’ignore, on en a peur ou on s’en moque. Finalement on s’en tire pas si mal coté web (#sarcasme).

    Après, l’accessibilité est bénéfique dans d’autres domaines, mais ce ne sont que des avantages collatéraux. Dire à un décideur que l’accessibilité va permettre à des gens d’accéder au contenu d’un site, il y a de grandes chances qu’il vous dise « oui oui, tu as raison, c’est important » et dès que vous aurez le dos tourné l’accessibilité deviendra tout de suite moins sexy, moins importante voir même carrément optionnelle.
    Tout ça pour dire que je ne pense pas qu’il faille dénigrer les avantages « collatéraux » de l’accessibilité web, il y a plusieurs chemins pour arriver à nos fins et nous ne sommes pas tous sensibles aux mêmes mots/idées. Les experts ont leurs idées, bien précises, mais certaines d’entre elles n’attirent pas les masses, alors que faire ? Faire passer l’accessibilité en douce, au même titre que le référencement ou l’image de marque, mais finalement avoir un site à peu près accessible ? Ou prétendre aux valeurs fondamentales de cette dernière, qui est de permettre à tous d’avoir accès à l’information et la même information ? Je ne crois pas qu’il suffisse d’un article pour nous fixer sur la question, et pour le moment personne n’a l’air d’avoir la réponse.

    Qui plus est nous sommes à une époque ou le développeur et l’intégrateur s’intéressent de plus en plus à l’accessibilité (car avant tout c’est ça aussi l’accessibilité, ce n’est pas le chef de projet ou le client qui ira vérifier que chaque image à bien son alt et que chaque lien est explicite, mais bel et bien le technicien du code), les ressources se multiplient, les documents officiels sont traduits, des conférences fleurissent et sont de plus en plus nombreuses, bref, on avance, et je suis ravi, non, ce n’est pas le bon mot…. je suis fier, de faire partie de l’aventure !

    Au passage, faire du référencement c’est faire de l’accessibilité pour les moteurs de recherche, alors que notre Accessibilité à nous, vise les humains (ça sert peut-être à rien, mais j’avais trouvé la tournure de phrase jolie :] )

    Et pour finir : longue vie à l’accessibilité web et longue vie aux militants et engagés qui se battent pour cette cause !

    Ps : Je ne trouve pas les étiquettes des champs du formulaire de commentaires 😛

    1. « parce que c’est une alternative à la véritable raison d’implanter l’accessibilité dans un projet »
      Mettre en balance le référencement et toute cette sorte de choses et l’accessibilité c’est comme mettre en balance la création de valeur pour l’actionnaire et le droit inaliénable à un salarié de vivre décemment.
      L’équilibre est très délicat mais nous avons une difficulté supplémentaire : là où les salariés peuvent éventuellement peser face à un actionnaire trop gourmand, l’utilisateur handicapé, lui, n’a pas le début du quart de poil de moyen, surtout dans nos contrées à vocation humanitaires.
      C’est ce qui fait que notre domaine est si particulier : si un spécialiste du référencement est tout entier motivé par la performance et la satisfaction de son client, nous, nous ne travaillons pas que pour notre client.
      D’une certaine manière nous sommes également comptable vis à vis des utilisateurs pour lesquels notre exigence est un des rares recours.

      « Faire passer l’accessibilité en douce, au même titre que le référencement ou l’image de marque, mais finalement avoir un site à peu près accessible ? »
      « à peut près accessible » ça ne veut rien dire, pas plus qu’une discothèque « à peut près sécurisée contre l’incendie » ou qu »un avion « à peut près en état de voler ».
      Ce qui se passe en ce moment dans notre domaine est à ce titre particulièrement important pour définir les fondamentaux au delà desquels « à peut près » est tout juste synonyme de « rien du tout » ou de grand n’importe quoi.

      « ce n’est pas le chef de projet ou le client qui ira vérifier que chaque image à bien son alt et que chaque lien est explicite, mais bel et bien le technicien du code »
      Je ne suis pas du tout d’accord avec ça, le tecos il fait ce qu’on lui dit de faire et au prix où on le paye c’est déjà pas mal qu’il arrive à faire tout ce qu’on exige de lui.
      Si une maison se casse la gueule ce n’est pas le maçon qui à mal fait son job, c’est le conducteur de travaux car c’est lui qui est responsable.
      L’un ne peut pas aller sans l’autre et avec les formations techniques nous ne faisons qu’une toute petite partie du chemin.
      Et s’il est vrai que de ce point de vue le vivier commence à devenir intéressant pour ce qui concerne les responsables, ceux qui ont charge d’âme, le chantier reste immense.

      .

  5. Merci de ces quelques éclaircissements JP ! Je dois surement (pour ne pas dire indéniablement) avoir une vision des quelques peu utopiste du technicien et un certain manque d’expérience dans l’implantation globale de l’accessibilité (j’espère que les quelques années à venir combleront ces quelques lacunes).

    Convaincre le décideur, c’est probablement la meilleur des choses, mais lui sera-t-il convaincre le technicien que l’accessibilité c’est important, que c’est cool et sexy ? Ne risque-t-on pas d’avoir un techos qui ne connait déjà pas grand chose à l’accessibilité qui va en faire parce qu’on le lui a demandé, parce qu’il est obligé et que c’est dans le cahier des charges, non ?

    Bref, comme tu dis, le chantier reste immense 🙂

  6. Je pense qu’à l’instar de la journée citoyenne ou l’initiation à la sécurité routière, il faudrait faire une journée où l’on se retrouve confronté à un handicap ou même plusieurs. Et tant qu’à faire à l’école, histoire de commencer tôt ! Surtout avec une mise en situation directe, je crois qu’il n’y a pas meilleure école.

    C’est idiot à dire, mais je ne peux pas voir plus loin que le bout de mon oreille, les moments où j’ai le mieux compris, c’est quand j’y ai été confronté moi-même (comme disait l’ami Morpheus, si tu veux découvrir la Matrice, tu devras l’explorer toi-même) :
    – une passagère mais importante perte d’audition pendant plusieurs mois, cela fait réfléchir !
    – les entorses de chevilles et leurs béquilles… la mobilité, rien qu’en étant freiné, ça permet de changer son regard,
    – etc, je vais pas étaler mes petits et gros bobos !

    Après, il y a des sensibilisations très sympas : j’avais adoré l’expérience « les yeux grands fermés » au Futuruscope, où l’on se retrouve à se déplacer en étant aveugle, c’est une grande expérience où l’on comprend beaucoup de choses !

    Du reste, pour revenir aux sites, c’est pareil, souvent, l’accessibilité, il faut y avoir été confronté, de manière directe (soi-même en situation de handicap, et pas toujours de la manière qu’on pense : http://www.nicolas-hoffmann.net/source/1423-L-accessibilite-pas-toujours-la-ou-on-pense.html ) ou indirecte (quelqu’un de proche).

    Et quoi qu’on en dise, pour moi, l’accessibilité, c’est souvent « pour quelqu’un ». Quand je mets quelque chose en pratique concernant l’accessibilité, cette amélioration est incarnée par une personne (les concernés se reconnaîtront) :
    – le sous-titrage, je pense à Sophie,
    – les contrastes, je pense à Monique,
    – les liens d’évitement, je pense à un certain Jean-Pierre,
    – les scope/header des tableaux = Laurence,
    – le title de la page du formulaire qui indique s’il y a erreur, je pense à un intervenant de CRAW2012 dont j’ai honteusement oublié le prénom mais dont je me souviens parfaitement, etc.

    Quand je fais mes intégrations, je me dis : tiens, ça serait pas mal pour telle personne, donc autant le faire. Le bonheur, c’est aussi quand quelqu’un d’autre vous indique que ça lui a bénéficié (malheureusement, c’est trop rare).

        1. En fait c’est international (« global », comme ils disent). C’était la première édition cette année, donc ça n’a pas trop pris chez nous (j’avais lancé quelques messages, mais très tardivement).
          Ça n’a rien d’obligatoire! Le principe est un peu celui de la Fête des Voisins: chacun est libre d’organiser un événement visant à sensibiliser à l’accessibilité autour de soi, à l’échelle qui lui sied. Le dit événement peut aller du café pris avec un collègue, où l’on glisse en touillant, « tiens, t’as déjà entendu parler de ARIA? », jusqu’à un colloque au Stade de France avec les Black Eyed Peas en guest pour expliquer que le sous-titrage, c’est cool.
          Il me semble que ce sera tous les 9 mai, donc à cocher dans les agendas.

  7. @Olivier Alors là je dois dire qu’une partie de ton intervention m’interpelle.

    Je dois être trop naïf ou avoir une méconnaissance totale du monde associatif mais que font les associations si elles ne sensibilisent pas, ne forment pas, ne mobilisent pas.

    Tu va sûrement me répondre que toutes les personnes en situation de handicap ne font pas partie d’une association, soit, mais quand même

    Je vais prendre 3 exemples sur la mobilisation concernant l’article 47, toutes les initiatives pour interpeller les pouvoirs publics ont été à la base faites principalement par des techniciens.

    http://www.web-pour-tous.org/soutien_loi_numerique/
    http://www.web-pour-tous.org/spip.php?page=petition-accessibilite
    http://www.article47.fr/

    Une des rares fois ou l’on a vu une association lancer une pétition sur ce sujet c’est durant les élections présidentielles.

    Pour l’article 47, cela fait plus de deux mois que le délai est passé et les préfets devraient crouler sous les demandes de mise en conformité des sites web des collectivités et sauf erreur de ma part je ne vois rien pas le bout d’un début de mobilisation.

    Une fois Laurent Denis m’avait fait une remarque sur le fait qu’à force de voir des promesses non tenues les principaux intéressés avaient baissés les bras, mais là y a pas qu’eux qui se battent pour que l’accessibilité soit prise en compte.

    Je finis par me demander si ce que j’essaye de faire passer comme message à mon niveau qui n’est que local sert à quelque chose quand je vois le nombre de vestes et fin de non recevoir que je me prends parce que je suis désespérément seul.

    Quand, en prenant en compte vos conseils à Patrice et toi, je vais envoyer mon courrier au préfet alors que je ne suis atteints d’aucun handicap et que je serais c’est à peu près sur le seul à l’avoir fait il va se passer quoi ? Avec un peu de chance j’aurais une réponse pré-formater du type nous avons bien pris en compte votre courrier blablabla. Et quoi, cela ira pas plus loin et les sites de merde comme celui de ma commune vivront encore pendant 100 ans ?

    Après je sais bien que j’en demande peut-être un peu trop, que c’est facile de causer dans le poste, mais on chouine chacun de notre côté que la prise en compte de l’accessibilité malgré la loi n’avance pas, ce n’est pas en faisant des confs à Paris pour des publics de techniciens que cela va avancer. Le maire de ma commune de 3000 hab située dans le trou du cul du monde qu’est-ce qu’il en a à faire de Paris web et autre W3Ccafé ou que sais-je encore et pourtant c’est lui qui va décider ou pas de rendre son site accessible et à qui il faut faire prendre conscience que ça lui est utile (la commune) et à ses administrés pour des raisons de civismes, d’intégration, de développement.

    Attention je ne remets pas en cause ce type de confs qui ont leur utilité mais le fait que l’on tourne en rond et que l’on se mords la queue.

    Est-ce qu’il existe des projets de rapprochement entre les organismes de formation et les conseils généraux, régionaux, pour mettre en place des journées de sensibilisation des maires, des présidents de communauté de communes et d’une manière plus générale tout ceux visés par la loi ?

    Si je ne me trompe pas vous avez un EAE au conseil général de la région centre, braillenet ne peux pas le mandater pour organiser une session ou les maires, les présidents seraient convoqués ou un truc dans le genre ?

    Pour finir avec mes idées à la con j’ai écrit un article hier sur l’accessibilité des bâtiments et celle du web et en conclusion j’appelais les associations qui vont négocier les dérogations de non mise en conformité des bâtiments à demander en retour un engagement sur l’article 47, cela peut-être une infime brèche exploitable pour que les personnes en situation de handicaps ne perdent pas sur tous les fronts.

    1. Petit correctif : le maire de ta commune n’a pas à décider ou pas de rendre accessible le site Web de la commune en question : il doit se plier à une obligation légale. Reste la question du choix du prestataire et un maire d’une petite commune, sauf s’il est entouré de connaisseurs, est probablement désarmé lorsqu’il s’agit de choisir l’heureux élu de son appel d’offre, faute de savoir réellement si le prestataire connaît les obligations légales et sait de quoi l’on parle quand il s’agit d’accessibilité.

      1. @victor Oui c’est sur qu’au départ il y a l’obligation qui est là mais sans sensibilisation je ne crois pas que l’on puisse y arriver.

        Et c’est là qu’il y a une grande différence avec les aménagements des locaux ou de la voirie (PAVE) ou là le handicap et la notion de blocage est de suite identifiable par les élus. Un fauteuil roulant et des marches, pas besoin de disserter ça saute aux yeux alors qu’une personne aveugle qui utilise le web c’est déjà moins parlant.

        1. Oui, je pense que le Web a ceci de particulier qu’un webmaster est rarement en contact avec ses « clients » (les utilisateurs). Alors que le conseiller municipal ou le boulanger qui voit une personne en fauteuil faire demi-tour parce que la marche à l’entrée, ça va pas le faire… déjà c’est plus clair comme alerte!

    2. C’est un problème ultra complexe, d’autant qu’il y a une multitude d’acteurs, avec parfois des intérêts divergents. Si tu ne prends que les assos, <caricature type= »grossière »>déjà les défenseurs des « cognitifs » vont se sentir lésés parce qu’il n’y en a que pour les déficients visuels dans les standards. Les personnes en fauteuil s’en tapent des sites web accessibles, mais où sont les rampes?</caricature>. Une des difficultés de l’accessibilité en général, du web en particulier, c’est que si on veut contenter tout le monde, tout de suite ça devient infernal. Mais si on veut se limiter aux plus nombreux/riches/influents, on crée des situations de discrimination, et c’est double peine pour les concernés.
      Là-dessus, je précise un point qui est méconnu: il y a un écart sidéral entre l’aura de Braillenet dans le monde de l’accessibilité Web, et les moyens qu’elle peut mobiliser. « Mandater un expert » est juste impensable, ne serait-ce que techniquement (les EAE sont des individus autonomes, et dans les faits libres de tout engagement vis-à-vis de Braillenet, en dehors de la charte qu’ils ont signée). Et Braillenet rame déjà à contre-courant pour bouger les grosses assos qu’évoque Tanguy en un langage très vert, tendance Hulk.
      Et concernant le CR Centre, et je dis pas ça parce que c’est des clients, mais nos contacts sont des gens très motivés, et qui prennent le sujet très à coeur. Ils font avancer les choses à leur niveau, et c’est déjà énorme. Mais ce ne sont pas des responsables politiques, juste des techos comme toi et moi, soumis à des budgets (qu’ils grattent dans les coins), des plannings (qui grignotent sur leurs vies persos), et des collègues pas emballés à l’idée de passer plus de temps sur le alt d’image que d’habitude…
      J’adorerais pouvoir écrire c’est comme ci et comme ça qu’on y arrivera. Mais je n’ai pas les réponses malheureusement. Ce qui est certain c’est qu’elles ne sont sûrement pas triviales. Et ce que chacun peut faire dans son coin, ben, c’est déjà ça de pris.

    3. « mais on chouine chacun de notre côté que la prise en compte de l’accessibilité malgré la loi n’avance pas, »

      Ha mais quand même, les choses ont considérablement avancées à tout point de vue : on parle même de l’accessibilité au café du commerce si j’ose dire 🙂

      L’aspect le plus positif de la loi est un effet induit justement : obliger les appels d’offres à exiger la conformité RGAA, depuis tout le monde est confronté au problème.

      Personne ne dit que ça n’avance pas, au contraire, les professionnels de l’accessibilité croulent sous le travail !

      Le problème est ailleurs et plus pernicieux comme l’explique Olivier. Je vais rabâcher mais notre problème n’est pas technique, financier ou lié à la complexité technologique, notre soucis est de maintenir intelligemment la pression.

      Je suis d’accord avec Tanguy sur le fait que la problématique des users en tant que relais est très compliquée, Tanguy cite des arguments valables (y compris le comportement des grosses assos) auxquels on pourrait rajouter que leurs priorités sont ailleurs, concentrées sur les moyens d’existence dans la vie réelle.

      L’excellent travail fait lors des conférence de rabachage à PW, SW, AW, CRAW, RMLL, KIWI est essentiel et il ne faut jamais l’abandonner (d’où certaines humeurs récentes 😉 )

      Il faut embrayer sur les décideurs mais cela nécessite au moins deux choses, de la communication accorte d’un coté et de la pression de l’autre, sinon on feras de l’access au rabais ce qui serait la pire des choses.

      L’autre soucis c’est que, constatant l’absence de relais auprès des users c’est à nous de faire un peut de lobbying, et là la situation est dramatique voire simplement ridicule.

      Et les réactions étranges de certains dés que l’on « ose » en faire un tout petit peu, entres nous, ne sont pas franchement encourageantes.

      Le problème n’est pas tant de savoir si on fera de l’accessibilité, on en fait et c’est un secteur promis à un bel avenir.

      La question centrale est de savoir qu’elle type d’accessibilité on veut faire, si on n’en fait que pour nos clients en prenant bien soin, en outre, de ne pas gratouiller trop fort on fera le meilleur du pire au mieux…. 🙂

      1. Je m’autoréponds car on me glisse dans l’oreillette que tous les professionnels en accessibilité ne « croulent » pas sous le boulot ce qui est parfaitement vrai.
        Je parlais surtout des sociétés spécialisées du secteur ayant accès au « marché » à la différence des spécialistes professionnels indépendants pour qui la situation est plus problématique.
        C’est la rançon de l’industrialisation de l’activité, on est passé d’un marché d’indépendants à un marché de prestataires.
        Ajoutons à ça que l’on nous fait croire à tort que nous sommes pas un métier mais juste de la compétence à acquérir avec de sympathiques tutoriels et je comprends bien que la situation de certains indépendants pourtants ultra-compétents peut être difficile.
        Patience… patience…

  8. Pour rebondir sur ce que ce que dénonce Frank (et à juste titre d’ailleurs) au sujet de l’article 47, peut-être serait-il envisageable d’écrire une lettre type pour interpeler nos préfets/élus respectifs, que nous mettrions à disposition des internautes, ceux-ci l’envoyant tous le même jour par exemple ?
    Ça pourrait être une bonne façon d’interpeler massivement nos élus non ? Nous laisserions aux gens le soin d’imprimer, de signer et d’envoyer leur lettre, et le coup de l’opération ne coûterait qu’une feuille de papier, un timbre et tout au plus une bonne minute. Je trouve que ça serait plus efficace en tout cas qu’une pétition/coup de gueule en ligne.

    Bref, une idée, comme ça 🙂

    1. C’est, certes, une action plus retentissante ; mais, je doute que ce ne soit suffisant pour faire bouger ne serait-ce que le petit doigt des préfets et des élus locaux.

      1. Oh, si ils reçoivent ne serait-ce que quelques dizaines de lettres papier chacun, je pense que ça peut avoir un impact, et comme dit le dicton, qui ne tente rien n’a rien 😀

      2. Un des drivers très puissants, en la matière, c’est la sanction électorale. C’est très (trop) facile pour un challenger à une élection locale de signaler l’absence de politique d’accessibilité d’un site (facile: y a pas de déclaration RGAA), pour broder ensuite sur la supposée désinvolture de la majorité sortante vis-à-vis des personnes handicapées.
        L’autre levier très fort, mais c’est plus dur à placer, c’est que l’accessibilité d’un service en ligne peut réduire drastiquement la charge d’assistance au public. Par exemple, pour les personnes qui expliquent au téléphone comment saisir tel formulaire sur le site de la mairie, ou qui aident à le remplir manuellement en guichet. On peut facilement économiser des temps pleins avec un service en ligne bien pensé, et tant qu’à faire, accessible…

        1. Les gains sur la nature des missions des tiers-médiateurs est effectivement un effet formidable, rendez-vous compte des assistantes à la personne qui arrêtent de passer leurs temps à remplir des dossiers pour faire le travail pour lequel elles ont été formées. Dingue.
          Là par contre ce genre de bénéfices, directement liés à l’utilisateur impacté c’est effectivement beaucoup plus intéressant que le référencement 🙂
          Mais bon c’est plus que difficile à placer ça effectivement… 🙂

  9. @vivien Je me suis déjà penché sur la question et ai proposé une ébauche à Olivier et Patrice Bourlon (@PatriceBTwit ).

    Il faut que je la retravaille en tenant compte de leur remarques

  10. « l’accessibilité, même les handicapés s’en foutent ». Je crois que c’est plus complexe que ça et que c’est surtout en train de changer, là aussi. Si on parle des grosses assos dites représentatives, dirigées par des nababs qui ne songent qu’aux avantages queleurs procurent leurs places dans les commissions et autres instances où l’on parle beaucoup mais on agit peu, alors oui, on peut croire que les handicapés s’en contre-foutent. Mais il existe à côté de ça des réseaux d’utilisateurs, eux-mêmes très informés techniquement, qui usent de leur influence pour sussurer à l’oreille de développeur l’intérêt intellecutel et financier qu’ils auraient à rendre leurs applis accessibles. Je pense en particulier au site edencast.fr qui sévit dans le monde Apple et grâce auquel plusieurs applications ont vu leur accessibilité améliorée, soit suite à des contacts directs pris auprès des dév, soit suite à un article peu flatteur au sujet de l’appli sur ledit site. Certes, ça peut paraître aussi insignifiant qu’un pet de moustique au-dessus du Pacifique, mais il y a une prise de conscience de la force que peu représenter un tel réseau. Et je ne désespère pas qu’il peu se produire la même chose sur le web. Le boîtes, surtout lorsqu’elle sont grosses, n’aiment pas les vagues. Donc, à nous de secouer la baignoire où elles barbottent gentiment.
    Tout autre chose : perso, j’ai encore du mal à me convaincre de l’efficacité, voire de l’utilité des journées de mise en situation. Pour y avoir assisté, soit elles attirent des personnes déjà convaincues et sensibilisées, soit elles sont très vite oubliées par celles qui ont été sensibilisées sur le moment et reviennent quelques jours plus tard vous annoncer sans vergogne que : « oui bon l’accessibilité, il faut qu’on le fasse, mais pas maintenant. On a d’autres priorités ». Pour moi, ces jourénes de mise en situation, c’est un peu comme de demander à un homme de ressentir ce que c’est d’être enceinte et d’accoucher. Cela dit, je suis tout prêt à croire que ça peut changer quelque chose.

    1. Je crois pas avoir écrit « même les handicapés s’en foutent », mais si c’est ce qu’on comprend en me lisant, désolé, c’était pas le message. Ce que je veux dire c’est qu’il y a un manque d’info désespérant des personnes potentiellement concernées. Et que celles qui ont l’info, pour x raisons, pensent parfois que ce n’est pas pour elles. On ne force pas à boire un âne qui n’a pas soif… mais lorsque ce recul provient de tout un système qui te martèle à longueur de temps que de toute façon, tu n’en es pas capable, ça, ça me fout les boules sévère…

  11. Bonjour à tous,

    Bon allez je ne résiste pas, rien de très nouveau, mais le sujet me tient à cœur, comme à tous les intervenants sur ce forum d’ailleurs:-).

    Un problème essentiel c’est l' »invisibilité » de l’accessibilité Web.

    Dans une collectivité, la culture dominante des élus et décideurs reste souvent la culture du « briques et mortier » ; un site Web, oui bien sûr, il faut bien, mais enfin rien ne remplace une bonne vieille remise aux normes d’un ascenseur ou d’un hall d’accueil, l’aménagement d’une rampe pour accéder à la mairie – ça, c’est du solide, du « compréhensible » pour la plupart des élus – et, pour les plus branchés techno, la mise en place d’une boucle magnétique à la banque d’accueil de la mairie, ou l’achat d’un service « visible » genre readspeaker pour le site Web.

    Les efforts qu’ils font pour l’accessibilité doivent pouvoir être montrés aux usagers (électeurs), aux médias, aux partenaires locaux, etc.

    Peut-on rendre visible – en dehors des spécialistes – l’accessibilité d’un site Web… j’en doute.

    Si on veut dépasser le niveau de l’initiative individuelle de tel ou tel décideur ou élu (un peu mieux informé que les autres sur le sujet de l’axs) ; si on veut dépasser le stade formel de mention du RGAA dans les cahiers des charges (comme le mentionne JPV, c’est certain, c’est quand même un progrès) ; il nous reste amha un seul levier : l’approche contraignante que constitue la loi et l’*obligation de résultats* qu’elle définit.

    Il faut rendre les problématiques de l’accessibilité Web « visibles » aux élus. Les problèmes rencontrés par les personnes handicapées doivent devenir *leur* problème : ils ne respectent pas la loi et ils doivent être rendus comptables de cela. Le cas échéant, ils ne sauront toujours pas exactement ce qu’ils achètent – cela serait préférable, mais tant pis si tel n’est pas le cas, le sujet est complexe -, mais ils doivent comprendre qu’ils ne peuvent pas en faire l’économie, que les intéressés ne les laisseront pas en faire l’économie.

    En, ce qui concerne les communes, on a un créneau intéressant avec les municipales de 2014. On peut effectivement saisir directement les maires, les élus municipaux et les décideurs concernés (Direction générale des services, Communication) par un courrier (avec copie au préfet comme le suggère Frank), mais je ferais 3 remarques :
    – celui qui écrit doit avoir un « intérêt à agir » personnellement (ou bien représenter une association, ne serait-ce qu’au niveau local, vu le manque d’intérêt apparent des grandes assos sur le sujet) ;
    – il faut être spécifique dans la demande pour avoir une chance d’être pris au sérieux ;
    – celui qui écrit doit être prêt à engager une procédure en cas de non-réponse ou de réponse insatisfaisante (a priori, l’étape suivante c’est la saisie du tribunal administratif) ;
    – celui qui écrit doit être prêt à donner le maximum de visibilité à sa démarche (presse, conseil municipal, appels/rencontres des élus concernés par ces questions).

    Ce serait bien de proposer un dossier type complet de recours (lettres élus, décideurs, médias, argumentaires… saisie du TA, etc.). Si vous connaissez des juristes prêts à donner de leur temps sur ce thème, c’est le moment de les appeler! Je suis bien entendu partant pour donner un coup de main sur ce sujet.

    A bientôt

    1. J’ajouterais que si un jour il y a jurisprudence, soudain tout sera plus clair et ça risque de faire grand bruit. Et de causer un émoi bienvenu.
      Cependant, opinion toute personnelle, je ne crois pas que cela arrivera. Question de culture – on râle autant que faire se peut, mais on ne porte jamais les choses devant le juge.

      1. C’est vrai, mais finalement il suffirait de quelques personnes motivées et ayant un intérêt à agir pour faire bouger les choses 🙂 On n’aurait pas besoin d’aller jusqu’en cassation pour voir les maires bcp plus motivés sur le sujet.

        Et puis « prions », il semble qu’il y ait un projet de « class action » à la française dans les tuyaux… Cela ne fait que 15 ou 20 ans qu’on en parle.

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