Si vous me connaissez un peu, vous savez que je ne suis pas totalement fan du fait de « vendre » l’accessibilité par le biais des bénéfices induits. Je me suis exprimé là-dessus à différentes reprises, notamment sur ce blog (cf. Le véritable bénéfice de l’accessibilité, Accessibilité et bénéfices induits, petite mise au point, et plus récemment: Vulgariser l’accessibilité, oui. La dévoyer, non.).
Mais comme je ne suis pas à une contradiction près, je vais vous parler des avantages de faire transcrire vos vidéos, en plus du fait de les rendre accessibles.
Armony Altinier, une consoeur que l’on ne présente plus, libriste convaincue et experte accessibilité passionnée, a donné une conférence très intéressante aux RMLL (Rencontres Mondiales du Logiciel Libre), à Montpellier, en juillet 2014. Le titre: Accessibilité, un marché en expansion : acteurs du Libre, préparez-vous ! » (version vidéo). Armony y développe de très bons arguments, que je n’avais pour ma part jamais lus formulés aussi clairement.
J’écris « lus » à dessein, car en fait je n’ai pas regardé cette vidéo; j’en ai lu la transcription. Or, j’ai une très bonne vue, une bonne ouïe, donc pas d’empêchement physique a priori. Sauf que ce qui me manque, c’est le temps. La vidéo dure 31 minutes 30, ce qui est bien trop long pour moi. Donc, désolé Armony, mais même si j’avais eu le lien à l’époque, je n’aurais probablement jamais pris le temps de la regarder. Et c’est valable pour toutes les conférences ou présentations qui passent. En plus, avec le débit anémique de ma connexion, au fin fond de ma banlieue quasi-provinciale, j’aurais sûrement décroché au bout de trois « freezes« .
Or ce matin j’étais en attente d’un rendez-vous, avec 10 minutes à tuer. Comme souvent dans pareil cas j’en ai profité pour flâner dans ma timeline Twitter sur mon téléphone. Coup de bol, je tombe sur le lien vers la transcription de cette conf dont le sujet m’intéresse, et mes 10 minutes sont employées utilement. Je passe les parties qui me sont déjà familières, relis les passages plus inédits, zappe les répétitions et hésitations inhérentes à l’expression orale. J’ai même eu le temps de tweeter le lien et de remercier @Bookynette pour ce travail. Bonus: je n’ai pas grignoté mon forfait en téléchargeant une vidéo de 30 minutes. Donc bien qu’elle n’ait pas, dans mon cas, satisfait un besoin d’accessibilité (au sens: adaptation en vue de compenser une déficience), cette transcription m’a été fort utile.
Inversement, le contenu a gagné un lecteur-prescripteur qui a relayé l’information, y compris par le présent article, qui contrairement au tweet, est amené à durer et à être lu (j’espère!) pendant quelques semaines encore.
Sans compter que si plus tard je veux faire référence à un passage de la conférence, qui comporte plusieurs parties et de nombreux arguments, dans un autre article, une doc ou je ne sais quoi d’autre, cela me sera bien plus facile avec la transcription, qu’avec une vidéo.
Bien entendu, le format texte présente un autre avantage sur le format vidéo: celui d’être analysable pus facilement et avec plus de précision par un programme, tels les logiciels de traduction automatique, ou les robots d’indexation des moteurs de recherche… Ce qui ne veut pas dire que votre contenu va tout péter dans Google, mais qu’au moins il sera indexable (et probablement indexé) sur une plus grande quantité de mots-clés que ce que peuvent contenir le titre et le résumé.
Enfin, petit plus qui ne gâche rien, en téléchargeant quelques kilo-octets de texte au lieu de plusieurs méga-octets de vidéo, avec mon téléphone, j’ai limité mon empreinte écologique. En la matière, il n’y a pas de petites économies…
Donc au final, pas mal d’avantages indirects en cascade. Ce qui, encore une fois, ne doit pas vous détourner de l’objectif principal: servir les besoins des utilisateurs en situation de handicap. Mais vos efforts seront récompensés au-delà, et ça ne peut pas faire de mal…
Merci d’avoir mis en lumière ce bénéfice qu’apporte à tous la transcription d’une vidéo.
J’ai pas pu m’empêcher de faire une analogie avec l’audio description :
Hier soir, je bossais devant mon ordi avec en fond la télé allumée. C’était le film la chèvre, la fameuse scène du coup de boule. Mais c’était la version audio décrite. Et bien que je n’en ai pas besoin, je l’ai laissé activée, juste comme ça.
Je me suis levé pour me prendre un bout de gateau au chocolat dans la cuisine et là bien que loin de l’écran, j’ai pu comprendre toute la scene. Et même si c’est plutôt le festival du coup de boule », je n’ai pas pu m’empécher d’exploser de rire.
Du coup je me suis dit, l’audio description, ben qu’en t’es pas devant l’écran, c’est quand même vachement bien. Et je n’ai ni perdu une miette de mon gateau, ni perdu une miette du film.