La Conférence internationale CSUN, sur les technologies utilisées dans le cadre du handicap, a lancé son appel à contributions pour l’édition 2013 ; ne tardez pas, vous avez jusqu’au 12 octobre pour tenter votre chance.
CSUN, c’est les Jeux Olympiques de l’Accessibilité : l’événement majeur où le gotha mondial du secteur se précipite, et en parle pendant des mois. Y assister est en soi un incontournable ; y participer en tant qu’orateur, un aboutissement. Pourtant, ce n’est pas hors de portée : suivez le guide…
J’ai en effet eu le plaisir et l’honneur insigne d’y être convié en tant que conférencier en 2012. Il n’y aura pas d’édition 2013 pour moi, pour des raisons personnelles (que je ne dévoilerai pas ici, mais je vous rassure, c’est pour la bonne cause). Cependant, je suis persuadé que nombre de mes confrères français pourraient y porter haut nos couleurs : la France compte l’une des communautés les plus dynamiques et les plus innovantes en matière d’accessibilité numérique. Nous avons des compétences et des expertises hors pair, des choses à dire, et ces choses intéressent nos confères internationaux. D’où cet article pour vous encourager, et si possible, vous aider à proposer un ou plusieurs sujets de conférence.
A vrai dire, je n’avais jamais imaginé ne serait-ce que me rendre à San Diego pour CSUN 2012, lorsqu’au détour d’un tweet, Jennison Asuncion, grand écumeur de conférences et cultivateur de bonnes volontés, me demande si je compte présenter un sujet. Un peu surpris par cette proposition au débotté, je lui réponds que je n’ai pas les idées, le temps et l’argent nécessaires. Je n’avais pas non plus une expérience faramineuse en la matière, et surtout pas en anglais. Qui plus est, à cette époque j’étais entre deux employeurs, et plus préoccupé par mon avenir immédiat que d’aller faire le beau en Californie quelques mois plus tard.
Autant d’arguments qu’il a balayés d’un revers de tweet. Tant et si bien que je finis par me dire que bof, je n’avais rien à perdre à essayer. Grand bien me prit : quelques semaines plus tard, je recevais un mail m’indiquant que ma proposition de conf était retenue.
Si moi j’ai pu le faire, d’autres le peuvent aussi ! Petit guide personnel du candidat à CSUN, en reprenant les 4 points potentiellement problématiques : le sujet, le temps, l’argent, et l’anglais.
Le sujet
Pour être honnête, je ne sais pas vraiment ce qui a fait que mon sujet (« Get the most of your Accessibility Expert ») a été retenu. Je pense que les gens qui se rendent à CSUN attendent des pistes nouvelles, des informations concrètes, de quoi améliorer leur pratique ou leurs produits. Notez par ailleurs que l’accessibilité numérique n’est qu’un thème parmi bien d’autres : on y parle par exemple des appareillages médicaux ou des aides techniques innovantes. Une piste serait sans doute de consulter la liste des sujets de 2012 pour y discerner les tendances. Certains buzzwords agiront comme des sésames : HTML5, ARIA, mobilité, réseaux sociaux… Mais j’étais surpris de voir des sujets a priori rebattus et essorés, comme les menus déroulants, faire de jolis succès d’estime. Et certaines confs très fumeuses, limite ésotériques, faire leur nid également. Donc faites confiance à votre instinct, appuyez-vous sur ce que vous sentez comme étant un sujet brûlant, ou récurrent et sans réponse totalement satisfaisante, et lancez-vous. Il n’y a pas de limites sur le nombre de propositions ; le carpet-bombing peut donc être une stratégie…
Le temps
La conférence à proprement parler dure 3 jours, du mercredi 27 février au vendredi 1er mars 2013. Deux jours de pré-conférence la précèdent (comme son nom l’indique…). Et les neuf heures de décalage horaire entre Paris et San Diego font qu’il vaut mieux arriver au moins deux jours avant, et prévoir un temps de récupération après. Au bas mot, c’est donc une grosse semaine, assez éreintante, qu’il faut consacrer à CSUN pour en profiter réellement. Sans compter le temps de préparation des slides, de la présentation, du programme que l’on se fixe (faire son choix parmi les dizaines de confs prometteuses peut être assez cornélien), et du voyage en lui-même (trouver le billet d’avion, l’hôtel, préparer son absence au bureau…). On peut compenser en partie et mettre à profit ses insomnies pour suivre ses dossiers à distance, mais forcément, on n’est pas aussi productif que nécessaire.
Indéniablement, c’est un investissement conséquent. C’est d’ailleurs comme ça qu’il faut le voir ; car une fois qu’on a « fait » CSUN, on est blindé pour n’importe quelle autre conférence au monde. Et cette immersion dans le bain le plus moussant de l’accessibilité est un boost incomparable : on en revient fourmillant d’idées et de perspectives, riche de nouveaux contacts et d’expériences. Et à l’instar de ce qui se passe en France avec Paris Web, on se retrouve de fait membre d’une communauté bruissante et chaleureuse, dont les liens ne se relâchent, un brin, que longtemps après l’événement, pour mieux se resserrer à l’approche de l’édition suivante.
L’argent
Outre l’avion, l’hôtel, les repas, les déplacements et les faux frais, il faut prévoir de payer son entrée, et c’est pas donné : près de 300 euros si l’on est conférencier (oui, on paye pour présenter…), dans les 500 sinon, le passe pour 3 jours. Auxquels il faudra ajouter une somme équivalente pour les ateliers de la pré-conférence. Ouch. Pour l’hôtel, le luxueux Hyatt Grand Manchester où se tient la conf, présente l’avantage incomparable de vous permettre de rentrer à pied après l’une des multiples soirées organisées par différents sponsors, et de vous lever 10 minutes avant votre première conf du lendemain. Mais à 200 dollars la nuit, c’est un privilège hors de portée pour beaucoup. Et les tarifs sont du même acabit pour les nombreux hôtels prestigieux près du Hyatt. Eloignement obligatoire, donc, si vous êtes sur un budget tendu.
Tout compris, et en dépit d’une parité euro-dollar qui nous avantage, il faut s’attendre à un budget de 2000 euros environ. Une paille pour certains, mais une blinde pour la plupart d’entre nous. A préparer et à négocier très en amont. J’ai eu la chance d’intégrer une société compréhensive à l’extrême (et mon patron aurait vendu, paraît-il, un organe pour financer l’opération. Je ne veux pas savoir lequel). Raison de plus pour travailler ses arguments en termes de retombées : diffusion de la marque, réputation, expérience, prise de contacts, réseautage, veille… les effets positifs sont multiples, mais rarement directs. Sauf cas particulier, il est peu probable que vous conclurez des marchés sur place (même si la conf joue ce rôle pour les fournisseurs nord-américains de solutions et services d’accessibilité, notamment via le salon professionnel qui héberge une centaine d’exposants).
Une solution, pourquoi pas (au moins une personne que je connais l’a fait) : financer par ses propres moyens. Eventuellement coupler ça avec un voyage d’agrément (la région ne manque pas d’atouts…). La personne en question avait un objectif précis : se créer un réseau en vue d’un projet d’émigration. Objectif atteint quelques mois plus tard…
L’anglais
Là, pas de miracle. On peut avoir tout son temps, de l’argent plein les poches, et le sujet en or, tout ça ne sert à rien si on n’est pas en mesure de s’exprimer suffisamment bien en anglais pour donner une conférence qui durera 30 ou 60 minutes. Et dans l’immédiat, rédiger un papier de présentation de son sujet, qui sera suffisamment correct pour ne pas être rejeté par le comité de sélection.
Donc soit vous êtes déjà suffisamment à l’aise, soit il va falloir vous faire aider. Rédigez au plus tôt votre proposition, et faites-la traduire ou corriger. Idem pour les slides. Et pour la conf, pas de secret : entraînement, pratique, et entraînement pratique. Un bon truc (que j’aurais aimé trouver avant…) : se filmer ou s’enregistrer pour travailler l’accent et la fluidité. Prenez de multiples notes, faites-vous coacher, aider, soutenir… L’idée est de minimiser le niveau de doute avant d’y aller ; car ce n’est pas sur place que vous rattraperez les cours séchés au lycée.
Rassurez-vous cependant : les spectateurs sont très tolérants vis-à-vis des imperfections et des approximations. Après tout, c’est international, et les Américains parlent rarement d’autres langues que la leur. J’ai bien entendu des plaintes concernant l’accent « inaccessible » de certains conférenciers, mais a priori il s’agissait d’accents asiatiques, les européens semblent bien mieux acceptés.
En conclusion
Faire CSUN, c’est loin d’être une sinécure, et il faudra négocier plusieurs obstacles. Mais ce n’est pas non plus impossible ; et ça en vaut largement la peine. Cette participation aura été un palier décisif de mon parcours, et je ne serai jamais assez reconnaissant envers ceux qui m’ont permis de le vivre, mon employeur en premier lieu.
Alors… go, go, go !
L’intitulé de ce billet enferme une tautologie. 😉
Considérations rhétoriques à part, tu as oublié de mentionner, Olivier, les formalités administratives, notamment si l’on ne dispose pas déjà d’un passeport (d’ailleurs, je me demande si le passeport biométrique est obligatoire pour se rendre aux États-Unis).
Pour ma part, je ne tenterai pas ma chance : outre des raisons financières, je ne suis pas un sportif de niveau suffisamment haut pour participer à ces JO, comme tu dis : si, à la base, je ne suis pas très à l’aise à l’oral et en prise de parole en public, que dire d’un tel exercice en anglais !
Pour le passeport, faudra voir ça si le sujet est retenu 😉 Mais pour info, ça dépend de la date d’obtention. Je suis parti en février dernier avec un passeport à 6 mois de la péremption (donc à l’ancienne), ça n’a pas posé de problème. Tous les passeports émis depuis la date où c’est obligatoire, sauf erreur, sont biométriques.
A noter une espèce de taxe dont j’ai oublié le nom, qui doit faire dans les 14 euros, dont il faut s’acquitter avant de partir. On peut le faire sur internet, ou dans l’aéroport (ils ont prévu le coup), mais mieux vaut s’y prendre en avance car il y a un paquet de gens qui ne le savent pas, et donc embouteillage sur les pauvres PC mis à disposition. On peut rater son avion sur ce truc-là…