5 questions à… Victor Brito

Troisième interview de la série « 5 questions à… ». Nous interviewons aujourd’hui Victor Brito, intégrateur (X)HTML / CSS freelance, et Expert AccessiWeb en évaluation depuis 2009. C’est un membre très actif de la communauté de l’accessibilité du Web, comme en témoignent ses divers engagements: membre du groupe d’experts référents intervenant dans la relecture des référentiels Accessiweb, co-signataire de la lettre ouverte pour l’accessibilité numérique des services publics du collectif « Article 47 », contributeur au projet KBAccess. Il a également participé à la relecture des notices AcceDe PDF et AcceDe Web. Il est célèbre par ailleurs pour ses légendaires LT (live-tweeting) des différents événements liés à l’accessibilité du Web (son compte Twitter: @victorbritopro).

Pourquoi travailles-tu dans ce domaine ?

En 2006, alors que je commençais ma carrière dans le Web, j’ai lu le livre CSS 2, pratique du design Web, de Raphaël Goetter, dont le premier chapitre abordait, même de façon assez sommaire, l’accessibilité du Web. Cela m’a donné l’envie d’en connaître un peu plus, notamment en consultant les articles publiés sur Alsacréations ou les excellents tutoriels vidéos d’Access-Key, et même de commencer à rendre le code que je pondais non seulement conforme aux standards du Web, mais aussi plus accessible, notamment en m’aidant de l’outil de tests CynthiaSays, basé sur les WCAG 1.0.

En 2008, salarié d’une grosse agence Web située à l’époque à Boulogne-Billancourt, j’ai été amené à intervenir sur l’intégration XHTML / CSS de la refonte du site corporate de Groupama, refonte pour laquelle un label Accessiweb niveau Argent était demandé. C’était ma toute première intervention sur un projet présentant une opportunité aussi forte en matière d’accessibilité. N’étant alors pas encore expert Accessiweb, je devais régulièrement soumettre mon travail d’intégration à des collègues intégrateurs qui étaient déjà experts Accessiweb afin qu’ils vérifiassent la conformité de mon intégration aux critères de Bronze et d’Argent d’Accessiweb (c’était encore la version 1.0 du référentiel). Et pour une première, j’ai eu droit à des compliments. Comme quoi la sensibilisation que j’avais acquise avait payé !

D’ailleurs, c’est cette intervention sur la refonte du site corporate de Groupama qui m’a donné envie de devenir, à mon tour, expert Accessiweb, ce que je suis depuis 2009.

De quoi es-tu le plus fier ?

Dans le domaine de mes modestes contributions professionnelles à l’accessibilité, il y a plusieurs choses dont je suis fier, à commencer par ce projet de refonte du site corporate de Groupama, même si je n’y ai contribué qu’au niveau de deux gabarits. Mais, si je ne dois retenir qu’un motif de fierté parmi les quelques projets sur lesquels j’ai pu intervenir et qui comportaient un volet accessibilité, c’est l’intégration XHTML / CSS 3 du site Nantes Green Capital, vers la fin de l’année dernière. En novembre 2012, un confrère expert Accessiweb, qui est consultant en accessibilité, m’a laissé un message pour me proposer d’intégrer les deux premiers gabarits de ce site, qui devait répondre à l’obligation de conformité au RGAA, les gabarits restants étant prévus pour être intégrés en interne. Je lui ai répondu et, après quelques échanges, me voici au travail. Une fois ces deux gabarits terminés, l’agence Web dans laquelle travaillait ce confrère expert Accessiweb m’a finalement confié l’intégration de tous les gabarits restants. Et, une fois la mission terminée, l’agence m’a remercié pour la qualité de mon travail et le confrère expert Accessiweb m’a même dit qu’il ne regrettait pas son choix. Pour ma part, je garde un très bon souvenir de cette mission.

Si tu étais Ministre de l’Accessibilité Numérique, tu commencerais par quoi ?

Par penser à ma femme (que je n’ai pas)… à mes enfants (que je n’ai pas non plus)… à mes amis (s’il y en a)… à l’absence d’acte inapproprié conduisant à la faute morale (dont je ne serais, de toute façon, pas fier)… et à la légèreté, qui est finie avant même d’avoir commencé. Plus sérieusement, si l’on me confiait un tel portefeuille et que je l’acceptasse, je commencerais par les deux décisions suivantes : d’une part, renforcer l’arsenal législatif de façon à ce que les services en ligne qui sont concernés par l’article 47 de la loi du 11 février 2005 sans s’y conformer fassent l’objet de sanctions plus significatives et réelles que la « liste noire » actuelle et, d’autre part, réformer le pilotage du RGAA de façon à ce qu’il puisse évoluer en fonction des retours d’expérience et, surtout, de l’évolution des technologies du Web : en effet, si la situation telle que résumée par Armony Altinier dans son livre Accessibilité Web (un livre que je recommande) persiste, les sites Web devant se conformer au RGAA risquent de bouder encore longtemps le HTML 5 !

Pour toi, quel avenir pour l’accessibilité ?

Tant qu’il y aura du Web, il y aura toujours un besoin d’accessibilité du Web. Autrement dit, quand on constate qu’il y a encore du pain sur la planche du côté des sites Web devant répondre à l’obligation légale d’accessibilité, quand on constate qu’il y a encore, hélas ! du je-m’en-fichisme à l’égard de l’accessibilité, quand on constate l’aventure de l’accessibilité qu’est l’arrivée du HTML 5, quand je constate que la plupart des projets sur lesquels je suis intervenu, en tant qu’intégrateur, manquaient d’opportunités d’accessibilité, je me dis qu’il y aura toujours de la place pour des experts en accessibilité, ainsi que pour des designers, des intégrateurs et des développeurs soucieux de produire quelque chose de satisfaisant en matière d’accessibilité du Web.

L’avenir passera encore et toujours par un travail d’évangélisation et, pour ma part, j’ai envie d’y contribuer. Cela explique sans doute pourquoi j’ai tout récemment décidé de lancer 24 accessibles (en français) et 24 accessible (en anglais), deux calendriers de l’Avent dédiés à l’accessibilité du Web, comme 24 ways et 24 jours de Web pour le Web en général (et qui sont devenus des références dans leur domaine en matière de veille technologique originale). Et je fais miens les propos qu’a tenus Serge Gainsbourg dans sa toute dernière interview filmée : « Ce n’est pas fini : j’ai encore deux coups à balancer… [bruits de glaçons dans un grand verre en train d’être pris et rempli d’un liquide transparent qui est tout sauf de l’eau] avec mes dosettes… [présentation du verre en question avant de le boire] »

Si tu avais carte blanche pour t’attaquer au projet de ton choix, tu choisirais quoi ?

J’interviendrais à la fois en tant qu’intégrateur et expert en accessibilité, en étant le seul intégrateur et le seul expert en accessibilité, sur un projet de site Web à la fois en HTML 5, en CSS 3, responsive, accessible, avec une approche mobile first, à très fort trafic, donc avec des contraintes en matière de performances, et avec des contraintes liées aux écrans à haute définition, donc avec une forte réflexion sur les images responsive. Une fois ce projet terminé et mis en production, je donnerais une conférence (live-tweetée ou non) évoquant mon retour d’expérience à ce sujet, à Paris Web, à Sud Web, à la Kiwi Party, à la Conférence Romande sur l’Accessibilité du Web, voire à d’autres cycles de conférences, si affinités…

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