Comment un Web accessible changerait-il votre vie?

Quand on « fait » de l’accessibilité, on est toujours avide de retours utilisateurs. Quelles difficultés pose tel site, tel composant, comment les améliorer, etc. Et tout le monde est d’accord pour dire que le Web est une chance historique pour les personnes handicapées… à condition qu’il leur soit accessible.

Mais, en quoi, exactement? Je me suis posé la question. Qu’est-ce que vous feriez de plus, ou de moins, ou de mieux, si le Web était accessible? Quelles frustrations et déceptions vous éviteriez-vous? Quelles possibilités nouvelles exploiteriez-vous? Et donc en synthèse: Comment un Web accessible changerait-il votre vie?

Mon but: recueillir des témoignages de « vrais utilisateurs », pour comprendre ce qui, de façon globale, est attendu d’un monde où le Web est accessible. Non pas « plus accessible », mais « accessible » tout court: faisons comme si tout est tellement bien fait qu’il n’y a plus de barrière à l’utilisation des contenus et services du Web.

Mon espoir est que cela permette de dégager des tendances, des points communs entre les attentes des utilisateurs. Cela nous donnerait des pistes pour savoir par où et par quoi commencer.

Pour laisser la parole aussi libre que possible, la question est posée sous forme de commentaires à cet article. Vous avez le choix de vous identifier, ou pas; de décrire vos particularités, ou pas. D’être précis, ou vague; exhaustif, ou anecdotique. Bref, c’est comme vous le sentez.

J’ai hâte de lire vos témoignages!

9 réflexions au sujet de « Comment un Web accessible changerait-il votre vie? »

  1. Bonjour,

    Le contexte…
    A 93 ans, mon papa est toujours en bonne santé et très actif (théâtre, chant, sport…). Seul souci, il perd progressivement la vue. Il ne peut donc plus lire de contenus papier, ni écrire.
    Le Web et les e-mails lui sont donc indispensables. Il utilise ZoomText pour exploiter ce qu’il lui reste de vue, NVDA pour écouter et Dragon pour écrire.

    Les obstacles rencontrés par les utilisateurs d’une loupe d’écran sont très spécifiques, et j’avoue n’avoir encore rien lu à ce sujet dans les articles concernant l’accessibilité.
    Il faut imaginer une page Web fractionnée en une multitude de petits morceaux dans lesquels il est très difficile de s’orienter… et très facile de se perdre !
    Trois exemples :
    – Les popups très difficiles à « trouver », c’est un peu comme un randonneur perdu dans une tempête de neige qui passe à côté d’un refuge sans le voir.
    – Les boutons d’action trop éloignés du dernier champ d’un formulaire
    – Les messages d’erreur qui s’affichent en haut d’un long formulaire

    Amicalement,
    Monique

    1. Bonjour Monique, et merci pour ce témoignage.
      Si je comprends bien, un Web accessible, pour ton papa, c’est plus de confort pour une activité qui est centrale dans sa vie, c’est bien cela?
      Concernant les ressources sur les loupes logicielles, j’ai trouvé cet article de WebAIM: http://webaim.org/blog/at-experiment-zoomtext/ relatif à ZoomText, assorti de quelques observations et recommandations.

      1. Le confort certes, et beaucoup plus en fait : qualité de vie et dignité (en conservant un maximum d’indépendance).
        Quand il m’appelle au secours parce qu’il est perdu dans une page, je me sens moi-même handicapée si je ne désactive pas ZoomText !

        Merci pour le lien, je vais lire cela.

        Amicalement,
        Monique

    2. Si jamais, j’ai un projet d’article que j’avais lancé pour OW, je crois que ton expérience me parait toute indiquée, je te relance là-dessus dès que j’ai un peu de temps 🙂

  2. Je n’ai pas de problème d’accessibilité. Je développe des sites web.

    Une remarque à ce sujet :
    – il est bien pour un site de proposer plusieurs thèmes dont certains dédiés à des problèmes d’accessibilité spécifiques
    – les frameworks (ateliers de développement) ou CMS (bref, tout ce qui permet de développer un site) intègrent souvent la gestion de l’accessibilité ce qui simplifie la tâche du développeur (qui a déjà assez à faire avec les incompatibilités des navigateurs).

    sans quoi, proposer un site « accessible » devient un vrai pensum !

  3. Ah ! un monde où le web serait totalement accessible !
    Ce serait :
    – un web où j’irai surfer dès que j’en ai besoin ou envie, sans avoir peur d’y perdre mon temps et de m’y perdre, parce que je me suis engagée sur un site avec des pages trop longues pour que je puisse en prendre connaissance rapidement, avec des pages trop peu structurées pour que j’y navigue facilement avec ma revue d’écran,
    – un web où je peux retrouver mon chemin quand j’ai déjà suivi un itinéraire, sans qu’un relooking m’ait fait perdre tous mes repères,
    – un web où je me sente efficace, où je puisse aller plus vite, où je ne me sente pas ridicule en comparaison de mon voisin qui a trouvé ce qu’il cherche en 3 clics de souris alors qu’il me faut 10 minutes,
    – un web où je serais sûre de pouvoir acheter, réserver, sans bloquer à un moment du processus parce qu’on ne peut pas choisir la date d’un bidule, la couleur d’un machin, ou tout simplement pas accéder au moyen de valider son achat !
    – un web avec des pubs que je puisse contourner facilement,
    – un web où j’irais davantage pour mes loisirs, et pas que pour des choses utilitaires : moi aussi je veux jouer !
    – plus concrètement, un web sans capchas contenus dans des images, avec des champs d’édition bien labellisés, avec des tableaux bien structurés, des images décrites, des liens explicites…
    – un exemple sur les champs de formulaires mal labellisés : j’écris mon nom là où j’entends « nom », mon prénom là où on me dit « prénom », et ainsi de suite, mais quand j’arrive à la fin du formulaire je me rends compte que… il y a un décallage et qu’il fallait entrer son nom dans le champ de formulaire pour lequel rien n’était précisé, le prénom là où j’avais entendu nom… et je suis fâchée !
    – pas un web qui me parle : non merci, pour ça j’ai les outils qu’il me faut !

    Alors, Père Noël, c’est pour quand ?

  4. Très bonne question en effet : un web accessible c’est :
    – directement être sur la page que je recherche au lieu d’être baladée d’un endroit vers un autre et qui fait oublier le but initial de ma première recherche.
    – Eviter de changer la page toutes les semaines car une fois habitué, à croire que le prestataire du site s’amuse à me montrer ce qu’il veut et pas nécessairement ce que j’ai besoin…..
    – Montrer en couleur et en image ce qu’apporte le site.
    – Rester honnête dans le bourrage de pub…..
    – Pouvoir accéder rapidement à la boutique pour une commande en ligne si besoin….
    -En fait être lisible au niveau écriture et graphisme visuel.
    ET Courage à tous ceux qui construisent le WEB…..

  5. Handicapé psychique, je suis atteint de troubles bipolaires,en somme je suis maniaco-dépressif chronique. Etre bipolaire c’est devoir survivre à soi-même au quotidien et apprendre à gérer ses émotions et ses passions.
    Or la révolution numérique offre des perspectives passionnantes tant individuellement que collectivement.
    Je suis quelqu’un de très curieux et en phase maniaque, je pouvais passer des heures à surfer sur internet pour le plaisir d’apprendre et de découvrir à l’infini. Ce qui va me frustrer un site qui est pollué et qui empêche le développement durable de mes connaissances.
    Pour un handicapé psychique avide de connaissance, les spams et publicités intrusives ainsi que les images Flash ralentissant la navigation sont source de frustration et peuvent générer des sentiments de colère extrêmes.
    Un web accessible c’est un web où les contenus sont rapidement compréhensibles et atteignables et où l’information est lisible, ordonnée et où l’on peut revenir en arrière ou aller de l’avant facilement. Les contenus doivent pouvoir être facilement mémorisés et classés de façon à être analysés avec le recul nécessaire. En somme, il faut un fil rouge ou un fil d’Ariane et des capacités de stockage ordonné des informations et contenus.

    En période dépressive, le Web peut être un outil ayant des vertus thérapeutiques. Par les différents forums existants sur la bipolarité sur les réseaux sociaux, j’ai pu mieux connaître la maladie dont je souffrais depuis longtemps mais qui n’avais été diagnostiquée que tardivement, il y a à peine deux ans et demi. Par le Web, j’ai pu prendre connaissance d’une association,le Clubhouse Paris, association dédiée au rétablissement et à la réinsertion socio-professionnelle de personnes atteintes par des troubles psychiques.

    Je dirai que le but du Web accessible c’est de contribuer à bâtir une chaîne d’union fraternelle entre des êtres humains et ce pas seulement derrière l’écran.

    Le fait d’avoir été à la rencontre et collaboré avec des schizophrènes, d’autres bipolaires ou des personnes en dépression sévère pour cogérer le Clubhouse, lieu de vie et de travail, m’a permis d’entrevoir autrement la vie.
    Comment reconstruire des liens sociaux et se reconstruire soi-même grâce et avec des personnes ayant des troubles psychiques? Comment faire de son handicap une force pour devenir un combattant?

    Quand vous êtes en situation de handicap, vous vous sentez plus solidaires avec les autres et avec l’Humanité toute entière. Avoir des faiblesses et prendre conscience de sa vulnérabilité nous obligent à être très humbles face à notre propre évolution et environnement. Avoir un handicap développe le sens de l’empathie, de l’observation et de l’écoute et j’ai moi-même été surpris par certaines analyses de schizophrènes ou le bon sens et l’équilibre psychique de nombre de bipolaires. Quad vous êtes bipolaires et que vous vous soignez et avez conscience de votre maladie, vous êtes plus sensibles que d’autres à ce que nos autres frères et soeurs en situation de handicap peuvent ressentir en terme d’exclusion.

    Un Web accessible pour tous c’est une toile où se dessine les liens et se tissent des liens sociaux entre des personnes diverses qui sans le Web n’aurait jamais eu l’opportunité de se rencontrer ou d’échanger.
    Bien plus qu’un ensemble d’algorithmes et de paradigmes techniques, l’accessibilité numérique est d’abord une philosophie de progrès, une forme de sacerdoce laïque dont la mission est d’oeuvrer à bâtir société plus inclusive et à faire naître une Fraternité humaine en quête d’infinies connaissances.

    Ayant cet objectif en tête, j’espère contribuer à ma mesure et avec mes capacités à rendre le Web accessible ou à faire comprendre comment le Web peut donner accès au coeur de la rencontre de l’autre à la fois dans ce qu’il a de singulier mais surtout dans ce qu’il a d’universel.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *